Cinéma Lalibela en Éthiopie
Cinéma portatif fait à Londres et installé à Lalibela en Éthiopie pour une durée de cinq nuits
Projet de groupe avec Andrew Tam, Elaine Yiling Wong, George Woodrow, Helen Evans, Imogen Long, James Mathieson, Jean-François C. Lemay, Johnny Gao, Magnea Gudmundsdottir, Sanaa Shaikh, Soo Jin et Will Paul
2008, AA Diploma 7 dirigé par Simon Beames et Kenneth Fraser
L’architecte Rita Lambert travaillait chez Feilden Clegg Bradley Studios sur un projet de complexe sportif à Lalibela, 355 kilomètres au nord d’Addis-Abeba, lorsqu’elle eut l’idée de demander aux habitants ce qu’ils souhaiteraient avoir en fait d’équipement communautaire. Ils demandèrent une piscine publique. Sachant qu’un collègue à l’Architectural Association à Londres cherchait un projet pratique pour ses étudiants, de préférence plus abordable qu’une piscine, elle leur demanda leur second choix: un cinéma. Peu après, les douze étudiants du Diploma 7 voyagèrent en Éthiopie afin de réaliser ce souhait, transférant leurs connaissances de l’architecture en pays en voie de développement sur le terrain. Ils n’eurent que trois semaines avant leur départ afin de concevoir et fabriquer un cinéma qui puisse être transporté par avion puis livré en fourgon à Lalibela.
En arrivant à Addis-Abeba, ils durent remettre leur génératrice et leur projecteur – achetés grâce à £4,800 de dons levés en trois semaines par Esther McLaughlin, directrice du développement de l’AA Foundation – aux douaniers qui les jugèrent « anormalement dispendieux ». Deux étudiants, Helen Evans et Andrew Tam, durent négocier pendant deux jours et déposer un fort montant afin de les récupérer. Les douze étudiants empruntèrent ensuite la route vers Lalibela, un voyage de deux jours au terme duquel les « Cinq nuits du cinéma de Lalibela » purent enfin commencer.
La communauté de Lalibela qui n’avait pas été informée de l’arrivée prochaine du cinéma fut surprise et ravie de voir émerger, de l’arrière d’une fourgonnette blanche, une « chaussette » de 15 mètres de long. Cette structure déployable à la manière d’un Slinky, conçue pour former une arrière-scène sécuritaire au cours des projections, disposait d’une membrane à rétro-projection à l’une extrémité, d’un projecteur à mi-chemin (installé sur un socle en contreplaqué emballable à plat) et d’une génératrice au gaz à l’autre extrémité, suffisamment éloignée de l’audience pour être à peine audible. À la tombée de la nuit, plus de 300 villageois se présentèrent pour assister au cinéma qui métamorphosa la chaussette faite de mâts de tentes et de filet étirable en un gigantesque ver luisant.
Lorsque les étudiants demandèrent au maire ce que la communauté aimerait voir, il répondit: « de l’eau ». Ainsi, les habitants de Lalibela, bien éloignés de tout bord de mer, eurent le plaisir de visionner le documentaire sur les océans produit par la BBC et David Attenborough, « La Planète Bleue ». Avec cela de magie que ceux qui assistèrent au cinéma éphémère ne sont pas près de l’oublier, qu’ils soient de Lalibela ou de Londres.
Texte provenant d’un article de Rob Gregory dans The Architectural Review (en anglais):
Architecture students present African town with a ‘giant glow-worm’ cinema
Court-métrage de 9 minutes sur le projet (en anglais): Cinema Lalibela film